Deux mondes à la fin de l’Empire romain

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Par Didier Nebot

Ainsi, à la fin de l’époque romaine, en Afrique du Nord, deux mondes cohabitaient sans pratiquement jamais se rencontrer, sauf parfois de manière brutale. D’un côté, les villes, avec des artisans, des commerçants et une bourgeoisie phénico-libyenne, tous soumis et pacifiques, parlant le latin, chrétiens, collaborant activement avec l’occupant romain ; dans ces mêmes villes, on trouvait des juifs. De l’autre, dans les campagnes, des tribus pratiquant une agriculture intensive afin de nourrir l’Italie, en apparence soumises mais surtout amères et supportant difficilement l’exploitation dont elles étaient l’objet, parlant toujours le punique et le libyen (c’est-à-dire le berbère), leur langue maternelle. Ces clans étaient en majorité païens, voyaient d’un jour plus favorable le judaïsme que le christianisme, malgré le prosélytisme des Pères de l’Église.

Par ailleurs, loin des frontières romaines, dans le sud, on trouvait d’autres tribus échappant totalement à l’Empire. Elles vivaient dans les zones sahariennes, dans les arides steppes du Sud algérien et tunisien, et dans une bonne partie du Maroc actuel alors très peu romanisées. Elles étaient souvent judéo-païennes, avec des éléments originaires de Cyrénaïque, pratiquant un crypto-judaïsme coupé du judaïsme des villes côtières. « Les tribus juives établies dans l’Afrique intérieure et soustraites à la domination romaine ne devaient plus renouer de relations avec les juifs de la diaspora », dit Slouschz.

 Il s’agissait de nomades, certains semi-transhumants, pratiquant la razzia, ne connaissant que le fer et le feu, puissants depuis l’apparition du chameau et vouant une haine implacable et héréditaire à l’Empire romain.

Il est impossible d’évaluer précisément ces dernières populations, mais elles devaient être suffisamment importantes pour que les Romains s’en inquiètent et fassent édifier autant de fortifications pour défendre contre elles leur territoire.

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