Discours introductif du président Serge Dahan lors du colloque “patrimoine juif séfarade, Histoire et futur

Serge Dahan

Mesdames Messieurs,

Je tiens à tout d’abord à remercier Monsieur le Maire du XVIe arrondissement de paris, monsieur Francis Szpiner pour sa présence et qui a mis ces salons à la disposition de l’INSSEF pour la l’organisation de notre colloque : « Patrimoine juif séfarade, Histoire et avenir »

Je salue la présence de

S.E. l’Ambassadrice d’Israël en France, Madame Yael germain,

Madame Nada Bekkali Consule Générale du Royaume du Maroc à Paris,

Monsieur le Grand Rabbin de France, Haîm Korsia,

Monsieur le Directeur Conservateur du Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme à Paris, Paul Salmona


Madame et Messieurs les responsables d’Association
Mesdames, Messieurs,
Cher amis,

Je tiens à remercier l’équipe de la Mairie qui nous a aider pour l’organisation de cette réunion

C’est avec grand plaisir qu’au nom de l’INSSEF nous vous accueillons aujourd’hui pour ce colloque de l’Institut Européen du Monde sépharade et je souhaite vous exprimer mes remerciements d’avoir accepté notre invitation à contribuer à cette réflexion sur le « Patrimoine juif séfarade, Histoire et avenir », je tiens aussi à remercier nos invités venus de l’étranger d’être aujourd’hui parmi nous.

Le choix du 30 novembre pour la tenue de ce colloque, c’est aussi pour l’Inssef le témoignage de notre attachement à cette journée commémorant le million de réfugiés juifs déplacés des pays Arabes et d’Iran à partir de 1948.

Les communautés juives ont été présentes dans ces pays depuis des millénaires associés durant toutes ces années à l’essor des pays Arabes et de l’Iran

L’Institut Européen du monde Sefarade se veut un espace séfarade d’ouverture et de dialogue entre des cultures, des religions et des civilisations, l’INSSEF veut une prise de conscience de notre identité plurielle, l’INSSEF veut inciter les nouvelles générations à la curiosité et la découverte de nos racines séfarades et veut transmettre cette chaîne de tradition et participer à faire de ce patrimoine une composante vivante de la communauté.

L’INSSEF, en partenariat avec toutes les associations communautaires actives qui depuis de nombreuses années réalisent un travail remarquable de mémoire et de transmission SEFARADE et dont je veux saluer ici la présence, a l’ambition de maintenir vivante l’identité sépharade et son patrimoine tant historique que cultuel et culturel.

Avec ces associations des différentes communautés d’origine séfarade nous voulons représenter les voix juives séfarades auprès des institutions et autorités.

Ce colloque est la première étape d’un cycle de conférence sur cette réalité, que, quel que ce soit les pays d’accueil, les sépharades qui y ont vécu n’ont cessé d’avoir des affinités et des échanges avec les populations et y ont laissé bien traces, constitutives du patrimoine Séfarade

L’organisation de ce colloque s’inscrit sur les apports croisés de ces migrations successives et veut explorer l’histoire de ce patrimoine présent encore dans chacun de ces pays d’installation après l’expulsion d’Espagne

Je ne m’aventurerai pas à faire un état des lieux en la matière, surtout face aux éminents historiens et spécialistes qui nous font l’honneur d’être présents ce soir pour échanger avec vous.

Je veux ici remercier

  • Madame Livia Parnes, Historienne spécialiste de l’histoire du judaïsme portugais et du marranisme,
  • Monsieur Mohammed Kenbib, Directeur de l’Institut Royal de la Recherche sur l’Histoire du Marocet,
  • Monsieur Anastasio KARABABAS Historien Franco-grec Enseignant à l’Alliance Israélite Universelle.

Elle et Ils vont partager avec nous leurs connaissances et expertises  sur le « Patrimoine juif séfarade» au Portugal d’où les juifs partent en 1496, au Maroc dont la présence juive a structuré cette conscience profonde des musulmans et des juifs maghrébins d’appartenir à une même famille et en Grèce où la présence juive remonte à l’Antiquité, les Romaniotes ; les Juifs Sépharades s’installent eu principalement à Salonique et deviendront citoyens grecs en 1912

Mon propos sera de rappeler que les communautés juives installées sur la péninsule ibérique ont connu un épanouissement sans précédent dans l’histoire du peuple juif, un « âge d’or » exceptionnel de 15 siècle dont l’influence continue de s’exercer dans la vie juive d’aujourd’hui.

Les Juifs d’Espagne ont constitué l’une des plus importantes et des plus prospères communautés juives de la Diaspora sous la domination successive de royaumes musulmans et chrétiens.

Notre ADN s’est tissé durant ces 15 siècles de présence juive, il porte la mémoire d’un judaïsme éclairé qui a donné naissance à de très importants penseurs, philosophes, commentateurs de la Torah, poètes, savants dans les sciences profanes de leur époque (médecine, astronomie…).

Cette ADN c’est aussi tissé de la mémoire de ces périodes cruelles de massacres et d’exils forcées.

En hébreu, « Séfarade » désigne l’Espagne ; cette Espagne que durent quitter des centaines de milliers de Juifs après le décret d’expulsion en 1492.

Le décret du Concile d’Elvire, qui s’est tenu au début du IVe siècle (305 ou 306) confirme d’une très ancienne présence juive en Espagne. Les Juifs vivaient principalement en Andalousie et en Catalogne.

La vie des Juifs en Espagne musulmane, Al-Andalus, a été une succession de périodes d’Age d’or et de persécutions avec l’arrivée des Almoravides et des Almohades

L’application rigoureuse de la dhimma a varié d’une époque ou d’un endroit à l’autre, les Juifs ont ainsi régulièrement bénéficié d’une autonomie dans l’organisation de leurs communautés ; autonomie qui sera conservée en Espagne chrétienne, et restera en vigueur jusqu’à l’expulsion effective des Juifs.

Al-Andalus devient petit-à-petit un centre majeur de la philosophie juive, les œuvres des Séfarades ont dès lors rayonné parmi les intellectuels bien au-delà de la communauté juive.

Un des cas les plus remarquables est celui de Salomon ibn Gabirol (1020-1058). Son œuvre philosophique rédigée en arabe nous a été transmise par sa traduction latine et a exercé une influence dans le monde chrétien

À partir du XIIIe siècle, l’Église s’était donnée pour mission d’amener Juifs et musulmans au catholicisme.

L’Inquisition s’est établie d’abord en Aragon en 1233

En 1328, 6 000 Juifs sont massacrés à Pampelune, Estella, Marcilla et Viana.

Les massacres de 1391 sont les conséquences dramatiques des prêches virulentes qui incitent la population au « massacre de juifs »

Les troubles débutent en janvier 1391 et le 4 juin la «Juderia » de Séville est ravagée : 5000 morts, pillages, incendies, massacres et des conversions forcées de Juifs font rage dans les principaux quartiers juifs des villes de presque tous les royaumes chrétiens de la Péninsule Ibérique

Pendant cette vague de violence de l’année 1391, des dizaines de milliers de juifs doivent se convertir au christianisme

Ces émeutes sont aussi à l’origine de la première grande diaspora séfarade.

Les juifs se réfugient en Afrique du Nord.

La plupart gagnent le Maroc, particulièrement Fès ou l’Algérie, Tlemcen, Alger et Oran

La situation s’aggrave encore pour les Juifs et surtout pour les Marranes, avec l’arrivée sur le trône de Castille en 1474, d’Isabelle la Catholique mariée à Ferdinand d’Aragon.

Dès le 31 mars 1492, se pliant aux injonctions de Torquemada, Isabelle et Ferdinand d’Aragon publient, du palais de l’Alhambra, un décret ordonnant l’expulsion des Juifs d’Espagne fixé au 31 juillet 1492

Dès la publication du décret, Isaac Abravanel et Abraham Senior font sans succès tout leur possible pour obtenir son abrogation, finalement, la date du départ fut repoussée de 2 jours et fixée au 2 août 1492

La première destination des Juifs d’Espagne a été le Portugal qui ouvre alors ses portes.

De nombreux autres choisissent les côtes nord-africaines, l’Italie, les Balkans et l’Empire ottoman d’où est formé la grande communauté de Salonique

D’autres encore s’arrêteront tout le long du chemin, depuis le sud-ouest de la France jusqu’aux Pays-Bas.

Les Juifs espagnols emportent avec eux leur culture et leur langue. Le ladino et le Judéo Espagnol vont perdurer principalement en Turquie, en Grèce et au Maroc

L’histoire de l’exil des juifs séfarade est un exemple de survie, d’adaptation, d’ouverture aux mondes nouveaux avec une parfaite fidélité aux valeurs et aux enseignements du judaïsme.

Les juifs sépharades n’ont jamais cessé de transmettre et de développer un patrimoine impressionnant.

C’est de ce patrimoine dont nous allons parler ce soir et je ne veux pas plus longtemps retarder les interventions de nos historiens

Cette année nous nous arrêterons donc dans trois pays : Le Maroc, Le Portugal, La Grèce 

Crédit photo : Alain Azria

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