Entre chrétiens et musulmans : être juif dans l’espace algérien du XVIe au XVIIIe siècle

oransp005B

La prise d’Oran par Pédro Navarro – (lithographie)

Après la Reconquista les Espagnols interviennent en Afrique du Nord pour éviter de nouvelles invasions musulmanes. De 1505 à 1791, ils occupent les ports de Mers el-Kebir et Oran. Bien qu’ils aient chassé les juifs d’Espagne, ils les tolèrent à Oran jusqu’en 1669. Dans cette région, la survivance de la langue judéo espagnole caractérisera la société juive jusqu’au XXe siècle. Dès 1518, l’Empire ottoman domine l’espace des Régences d’Alger et de Tunis tout en leur accordant une grande autonomie. Bien que menacées à tout moment d’être l’objet de la fureur populaire, les communautés juives sont attachées au régime ottoman et redoutent les ambitions espagnoles.

Agents importants de l’activité commerciale entre les villes de la Méditerranée occidentale (Alger, Oran, Tunis, Livourne et Marseille), les juifs maghrébins sont aussi des intermédiaires précieux pour les Européens (comme dans les négociations pour le rachat des chrétiens capturés en mer). Des liens étroits sont maintenus entre les communautés juives du Maghreb et Jérusalem. Qu’ils y viennent en pèlerins ou pour y finir leurs jours, les maghrébins ont leur propre quartier dans la Ville sainte. Les émissaires de la Terre sainte visitent régulièrement les communautés maghrébines. Grâce à eux, la connaissance de la Kabbale se répandra dans les communautés les plus reculées.

Haman, Premier ministre du roi perse Assuérus (Xerxès), avait décidé d’exterminer tous les Juifs de Perse le 13 du mois d’Adar. Mais grâce à l’intervention d’Esther, auprès du roi, le complot est déjoué et se retourne contre Haman et les siens. Ce sauvetage miraculeux est fêté tous les ans. La fête de Pourim est une fête joyeuse et populaire.

 
Le “Pourim d’Alger”
Expédition d’Alger en 1541

En 1541, Charles-Quint se présente devant Alger avec une flotte impressionnante, décidé à prendre pied dans cette terre d’Afrique pour y chasser les Turcs. Il mouille dans le port d’Alger qui n’est pas habilité à recevoir de tels bateaux. C’est l’angoisse et la peur panique parmi les juifs d’Alger. Ils craignent pour leur sécurité et leur survie. Les synagogues ne désemplissent pas. On n’oublie pas que cinquante années plus tôt les juifs furent chassés sans aucun ménagement d’Espagne par Isabelle la Catholique. La situation semble désespérée. C’est alors que se produit un “miracle”. Une tempête d’une violence inouïe survient, détruisant plus de 150 navires espagnols. Les rescapés de cette armée, se réfugient à Bougie, avec le reste de la flotte, subissant le froid et la faim, avant de rejoindre l’Espagne

Depuis cette époque, on commémore tous les ans, le 4 HECHVAN, ce sauvetage miraculeux, qui fut appelé le “Pourim d’Alger”.

Ce que ne savait pas Charles Quint c’est que la baie d’Alger était parsemée de petits rochers à fleur d’eau, invisibles à l’oeil nu, qui se trouvaient à l’entrée du chenal. Ce fut le piège “divin”. Ce qui était un avantage pour les corsaires d’Alger de l’époque qui pratiquait la Course fut, au contraire, un obstacle de taille pour une flotte de l’importance de celle des espagnols. Fort de cette mauvaise expérience qui se renouvela au XVIII ème siècle, la France préféra débarquer à Sidi Ferruch, en 1830, au lieu d’Alger, de même que les Américains lors de la libération.

Pour en savoir plus :
http://www.terredisrael.com/infos/pourim-dalger-cette-annee-1ere-novembre-2011-4-hechvan-5772/


L’affaire Bakri-Busnach : Les démêlées de deux négociants juifs avec l’administration Française
Expédition d'Alger en 1541
La séance du coup de l’éventail

Seconde moitié du XVIIe siècle : Les juifs francs (francos) s’installent dans les comptoirs des Livournais (Alger, Bône, Oran) et sont, en tant qu’étrangers, placés sous la protection des consuls de France. Les juifs d’Oran sont expulsés de la ville en 1666 ; ils n’y reveinddront pas avant 1792. 1708 : Oran passe sous tutelle ottomane jusqu’en 1732. 

1798 : Pour les besoins de l’expédition du général Bonaparte en Égypte, le gouvernement du Directoire achète du blé à la Régence d’Alger, financé par un emprunt de la France auprès des familles juives d’Alger, Bacri et Busnach ; celles-ci demandent une garantie du dey qui gouverne la ville.

Le soufflet donné le 30 avril 1827 par Hussein, le Dey d’Alger, au consul de France, Pierre Deval, sert de prétexte à Charles X pour débarquer ses troupes à l’ouest d’Alger le 14 juin 1830 après un blocus de 3 ans. 

1805 : Massacre de la population juive à Alger en marge de la révolution manquée contre le dey Mustapha d’Alger ; le chef de la Nation juive d’Alger, Nephtali Busnach est tué lors des émeutes.

1815 : Le grand rabbin d’Alger, Isaac Aboulker est décapité lors d’une émeute.

Source : Morial.fr

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *