La guerre contre les maures

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Par Didier Nebot

A Grenade, après la visite officielle du chevalier don Juan de Vera, le cheik décida de donner une leçon à cette reine arrogante, cette femme qui gouvernait un royaume aussi clinquant que vide. Les Espagnols ne savaient plus se battre, une petite expédition suffirait à le prouver. En décembre 1481, les Sarrasins prirent par surprise la forteresse de Zahalca, où ils ne rencontrèrent presque aucune résistance. Cette action d’éclat mit le feu aux poudres.

Les princes espagnols abandonnèrent leurs rivalités. Un grand rassemblement se dessina : qu’ils soient nobles ou paysans, tous se rangèrent sous la bannière royale pour libérer le territoire. En 1482, Ponce de Leôn, prince de Cadix, s’empara d’Alhama. Puis tombèrent Coil, Cortona, Ronda, Cambil, Alhabar et Valea, places fortes de grande importance.

La guerre contre les Sarrasins faisait rage, Isabelle la catholique avait entrepris « la reconquête ». Les paysans étaient partis se battre, abandonnant aux femmes et aux enfants le soin des récoltes. Les juifs, conscients qu’ils ne pouvaient plus rien faire pour leurs frères marranes et que leur survie dépendait du bon vouloir de cette reine perfide, avaient pris le parti des souverains et ils entretenaient la bonne marche du pays, permettant aux seigneurs de se consacrer exclusivement à la guerre. Ils assuraient la survie économique du royaume par la fourniture d’armes, de vivres et d’uniformes. Abravanel et Abraham Seneor, grandes figures de proue du judaïsme de l’époque, jouaient le rôle d’intermédiaires entre les leurs et les chrétiens, donnant instructions et conseils pour maintenir la solidarité.

Après avoir neutralisé Loja, Illorca, Noclin, le roi Ferdinand, époux d’Isabelle, s’était emparé de la superbe Malaga, la seconde ville du royaume maure. La débâcle était totale. Les nombreux juifs qui s’étaient réfugiés dans ces contrées pour fuir l’inquisition accueillirent les vainqueurs avec appréhension. Qu’allaient-ils devenir ?

Leurs coreligionnaires présents aux côtés de Ferdinand tentèrent de les rassurer. Ils ne risquaient rien, un vent nouveau soufflait sur l’Espagne, Dieu avait éclairé les bons souverains qui ne pouvaient que se louer de l’aide apportée par Israël. Pourtant les rabbins étaient réticents : quel sort serait réservé à ces marranes qui, pour échapper aux bûchers de l’inquisition, s’étaient enfuis chez les Sarrasins ? Les réponses étaient ambiguës et imprécises, on espérait beaucoup en la mansuétude d’Isabelle.

Tout à ces réflexions, ils virent avec la même appréhension le roi prendre Baeza, le 4 décembre 1489, Almeria le 23 et Cadix le 29. Grenade était en vue, il ne restait plus qu’à en faire le siège.

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