Le calme après la Tempête

MI3B

Par Didier Nebot

En 1394, le conseil de régence de Castille céda la place à Don Henrique III, alors âgé de 15 ans. Le monarque était si jeune que chacun, seigneur ou simple chevalier, crut qu’il serait fort aisé de l’influencer. Mais l’adolescent, d’une nature posée qui le conduisait à une vigilance presque amusée, s’imposa en roi et ne transigea en rien.

Aussi nul ne chercha-t-il à le contredire lorsqu’il s’entoura de chrétiens mais aussi de Juifs. Si l’on se permettait quelques réflexions, le petit roi y répondait avec fermeté:” mon royaume n’est pas peuplé uniquement de chrétiens. Tous doivent participer à la bonne marche de la Castille, et j’ai d’autres critères que religieux pour désigner mes ennemis.”

Enrique III de Castilla

Le peuple du livre eut la sensation de retrouver son âme. La peur ancrée au fond des ventres depuis les massacres de 1391 s’effaçait. Place à l’avenir qui serait paisible, heureux! Une certaine euphorie passa en souffle sur les Juderias de Castille. Les Marranes crurent même un instant qu’il leur serait possible d’abandonner cette religion qui leur avait été imposée si stupidement. Mais les pouvoirs du roi n’allaient pas jusqu’à défaire ce que l’Église avait ordonné. Il permit cependant aux convertis de continuer à vivre dans les juderias, comprenant qu’un baptême effectué à la hâte ne devait pas les couper de leurs racines. Pour le bon équilibre du royaume.

Dès lors une vie curieuse s’installa dans les Juderia où les chrétiens de fraîche date mêlaient à leurs traditions ancestrales quelques préceptes catholiques. Certains virent dans cette ambiguïté une double protection, car, chrétiens, ils ne seraient plus jamais persécutés, mais juifs ils feraient fortune, d’autres en furent tiraillés; beaucoup s’en accommodèrent comme d’un pis-aller.

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *