Les Vandales

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Par Didier Nebot

Tout bascula au Ve siècle avec l’arrivée des Vandales. L’Empire s’effondra brutalement. L’ancien ordre n’existait plus, tout ce qu’avait bâti Rome fut détruit en peu de temps et l’Église dut battre en retraite pour se protéger.

 Les sources grecques et arabes sont assez lacunaires sur les événements qui se déroulèrent alors, mais pendant une centaine d’années eut lieu une transformation radicale de la région, et plus rien ne fut comme avant. Cependant les rares textes dont on dispose et l’étude des auteurs arabes nous permettent de retrouver un fil conducteur plausible pour comprendre cette période charnière.

Dans leur œuvre destructrice, les nouveaux occupants furent aidés par les tribus rebelles de l’intérieur, par les juifs des villes et les paysans malheureux des campagnes. Saint Augustin, qui mourut lors du siège d’Hippone, fustige ouvertement les conquérants « qui n’en veulent qu’aux chrétiens et voient dans les juifs leurs alliés naturels ». D’ailleurs, les rois ariens abolirent les restrictions qui pesaient sur les juifs, inaugurant avec eux une ère de tolérance qui suscita de vives polémiques et une forte propagande antijuive de la part de l’Église. (Traité contre les juifs de Veicanius, et un autre de Celsius.)

Les Vandales occupèrent Carthage et ses alentours, le reste du pays étant soumis à l’anarchie. Plus de récoltes, plus de mère patrie à alimenter, plus de grandes propriétés à la discipline de fer : les paysans n’avaient plus de maîtres à qui rendre des comptes. Les champs furent laissés à l’abandon, chacun cultivant son lopin de terre pour son propre compte. Les chrétiens, surtout les bourgeois et les notables de l’ancien régime, furent méprisés et subirent les pires humiliations. Plus d’État, plus d’armée pour maintenir l’ordre, plus de troupes aux frontières pour empêcher les razzias des populations du Sud.

Ce fut une véritable aubaine pour les tribus nomades qui avaient été si longtemps contenues en dehors des limes romains et qui soudain trouvaient le champ libre. Profitant de l’impressionnante mobilité que leur donnait depuis le IIIe siècle environ l’usage des chameaux, véritables chars du désert, elles remontèrent vers le nord, chassèrent les sédentaires, pacifiques, autrefois soumis à Rome, et prirent leur place. Ce n’étaient que guérillas, razzias, ententes plus ou moins éphémères. Les nomades l’emportèrent. Des tribus superficiellement chrétiennes redevinrent païennes ; les juifs, alliés inattendus des nouveaux occupants, développèrent leur influence.

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