« Une histoire singulière » : Les Juifs du Maroc

Les Juifs du Maroc

Dans la continuité des « Rendez-vous de Rachi » consacrés aux Juifs d’Algérie (2021) et aux Juifs de Tunisie (2022) le Centre d’Art et de Culture vous convie à une soirée de réflexion et d’échanges autour de l’histoire des Juifs du Maroc, à l’occasion de la parution du nouveau n° de L’Arche.

De l’Antiquité au Protectorat, jusqu’à l’Indépendance du pays, de sa cuisine à sa musique et sa littérature, l’histoire des Juifs du Maroc est singulière et inspirante à plus d’un titre.

Entre ruptures, continuités, transmission, figures emblématiques qui ont traversé les âges, mais aussi phénomène de « revival » auprès de jeunes générations, cette histoire millénaire fascine.

Historiens, journalistes, passionnés du Maroc se retrouveront et échangeront sur la scène de l’Espace Rachi le 11/10/2023 à 20:00 – Je réserve

  • Marcelle Chalom : “nous savions que nous devions quitter l’Egypte”

Elhanan Miller est un rabbin arabophone en Israël. Il dirige un projet intitulé « Les gens du livre », dans lequel il enregistre l’histoire orale des Juifs des pays arabes dans leur arabe natal. Ses vidéos ont un énorme succès dans le monde arabe. Par exemple, cette interview vidéo de 2019 avec Marcelle Chalom du Caire, en Égypte, a été vue 2,1 millions de fois. (Avec nos remerciements Ilan ; page Facebook des Juifs d’Egypte).

Marcelle Chalom raconte comment elle a grandi au Caire, à l’ombre du conflit avec Israël. Elle a grandi dans un climat de peur, sachant que les Juifs n’avaient pas d’avenir. Dans les années 1950, la famille bannissait les domestiques de la pièce pendant qu’ils écoutaient Radio Free Europe. Ses proches, de nationalité française, ont eu sept jours pour quitter l’Égypte après la crise de Suez en 1956. Comme son grand-père paternel, originaire du Yémen, a obtenu la citoyenneté égyptienne, sa famille a été autorisée à rester, mais son père n’a été autorisé qu’à quitter l’Égypte. de retirer des sommes limitées en espèces lorsque son compte bancaire était placé sous le contrôle d’un fiduciaire.

Finalement, la famille de Marcelle a également été déchue de sa nationalité égyptienne et de ses biens. Ils partent pour les États-Unis via la France en 1961. Lire la suite

  • Essai Historique – Carthage – Par Didier Nebot

Les premiers habitants de l’Afrique du Nord furent les Libyens et les Gétules, c’est du moins ainsi qu’ils étaient appelés. Plus tard les Libyens seront appelés barbares par les romains et ils deviendront les berbères.  Ils vivaient en clans ou en tribus, dispersés dans toute la région, n’ayant souvent aucun contact les uns avec les autres. Le pays, particulièrement inhospitalier (montagnes, steppes arides, désert de sable), et la difficulté de se déplacer ne permettaient que peu d’échanges. Il s’agissait selon Salluste « d’êtres grossiers, incultes, se nourrissant de la chair des bêtes sauvages et de l’herbe des prés ». Les Libyens étaient plutôt sédentaires, alors que les Gétules étaient des nomades vivant dans le Sud marocain, les steppes tunisiennes et les régions entourant les montagnes de l’Aurès. Plus au sud, dans le désert saharien, se trouvaient d’autres peuplades nomades, tels les Nasamons de Tripolitaine ou les Garamantes du Fezzan.

Des historiens ont supposé que ces populations venaient d’Europe, d’Asie, du Moyen-Orient, mais rien ne permet de l’affirmer. Initialement, à une époque fort lointaine (plusieurs milliers d’années av. J.-C.), leur langage aurait été chamitique (Famille linguistique qui se serait étendue dans le nord de l’Afrique noire.), et, selon certains, identique pour tous. Ce que retinrent de cette époque les auteurs anciens dans leurs écrits, et qui demeurera une constante dans l’histoire de ces régions, c’est « la division fondamentale de la population nord-africaine entre sédentaires et nomades » (G. Camps, Les Berbères, Encyclopédie de la Méditerranée, 1996.).

Plus tard, vers le xie siècle av. J.-C., arrivèrent les Phéniciens, qui bouleversèrent la destinée de la région. Leur habitat d’origine se situait dans le sud du Liban actuel, dans la ville de Sidon, puis à Tyr, leur capitale. Infatigables commerçants sillonnant les mers, ils créèrent des comptoirs sur tout le pourtour méditerranéen, et en particulier en Afrique. Il s’agissait de multiples établissements provisoires ou précaires, situés près des côtes, principalement sur le territoire de la Tunisie actuelle, et permettant que les échanges commerciaux avec les autochtones se déroulent dans de très bonnes conditions. Les Phéniciens retournaient ensuite dans leurs villes d’origine, ce que l’on appelait les cités-états à peu près dans la zone du Liban actuel, où ils étaient enterrés. Lire la suite

  • Ballet diplomatique au Levant par David Bensoussan

Les réalités ont changé au Moyen-Orient. Certaines entités étatiques traditionnellement antinomiques se parlent, conscientes de ce que les réalités ont changé. Alors que dans la guerre froide les pays se définissaient comme alignés aux États-Unis ou l’URSS ou encore comme non-alignés, la conjoncture actuelle en est une de pays multi-alignés.

En avant-plan

La protection américaine n’est plus assurée du fait que l’Amérique est plus préoccupée par la montée en puissance de la Chine. Par contre, l’influence américaine est encore plus imposante à l’OTAN depuis l’invasion du Donbass ukrainien par la Russie. Aussi, soucieux de leurs intérêts, les pays du Moyen Orient repensent leurs relations traditionnelles, non seulement avec les grandes puissances, mais également entre eux. Avec une certaine circonspection cependant.L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis (ÉAU) et le Qatar ont une puissance financière qui leur permet d’intervenir dans l’ensemble des économies de la région. L’Arabie a renoué les contacts diplomatiques avec l’Iran, interrompus depuis 2016, et a engagé des pourparlers avec les rebelles houtis du Yémen. Pour l’Arabie et les ÉAU, la normalisation des rapports avec l’Iran vise à éviter d’être impliqués dans le cas de la déflagration d’un conflit entre l’Iran et les États-Unis ou Israël.

La solution de deux États, Israël et Palestine, est pour l’instant mise de côté : les pays du Golfe ont besoin de la technologie et des moyens de défense que peut leur procurer Israël. Lire la suite

  • Aldo Naouri : « Ma culture orientale m’a condamné à la solitude »

Aldo Naouri, pédiatre, défenseur de l’autorité au sein l’éducation, raconte les blessures de l’exil et son rapport à la langue française, « le plus beau des refuges ».

Né en 1937 à Benghazi, dans une Libye alors colonie italienne, il prend une première fois la route de l’exil en 1942, à l’âge de 4 ans, lorsque sa famille, juive et française, est expulsée par Mussolini vers l’Algérie. Petit dernier d’une fratrie de dix, élevé dans un grand dénuement par une mère très tôt veuve, Aldo Naouri est un pur produit de la méritocratie républicaine. Il est épris de cette culture française apprise sur les bancs de l’école à Orléansville, actuelle Chlef, dans le nord de l’Algérie, et qu’il n’a cessé d’enrichir par ses lectures.

Après ses études de médecine, il s’installe comme pédiatre à Paris. À contre-courant de l’époque centrée sur la satisfaction des désirs de l’enfant, il publie en 1982 au Seuil L’Enfant porté, puis, en 1985, Une place pour le père, premiers ouvrages d’une longue série qu’on pourrait résumer comme un plaidoyer pour un retour de l’autorité au sein de l’éducation et une alerte sur les dangers de la toute-puissance de l’enfant-roi. Des principes qui semblent aujourd’hui retrouver les faveurs de nombre de parents inquiets et ne trouvant pas de réponses dans les commandements de l’éducation « positive ». Anticonformiste, Aldo Naouri se définit comme un conservateur car « le conservateur pense à après-demain, quand le progressiste ne pense qu’à demain ». Lire la suite

  • Comment cette synagogue romaniote maintient en vie une « minorité juive au sein d’une minorité »

Kehila Kedosha Janina, une petite synagogue du Lower East Side, représente une petite communauté juive qui a vécu en Grèce pendant plus de 2 300 ans.

Dans ce qui était autrefois la galerie des femmes de la synagogue Kehila Kedosha Janina, une robe de mariée antique superbement brodée est suspendue derrière une vitre de protection. 

La robe est l’un des nombreux artefacts et photographies exposés dans Memory , une exposition présentée à la synagogue de New York qui permet aux visiteurs d’avoir un aperçu de la vie des Juifs romaniotes, une petite minorité juive distincte des traditions ashkénazes et sépharades.

Tout aussi important, l’exposition montre comment KKJ, la seule synagogue romaniote de l’hémisphère occidental, préserve les traditions de la communauté et renforce sa culture vivante. Lire la suite

Evénements en cours ou à venir

  • LES SASSOONS DE LETCHWORTH – Conférences en ligne avec Harif le mardi 5 septembre 2023

Les Sassoons de Letchworth font partie des rares branches de la dynastie Sassoon à être restées juives pratiquantes. Ville de province située entre Londres et Cambridge, Letchworth abritait la bibliothèque privée Judaica de renommée mondiale rassemblée par le rabbin David Sassoon, petit-fils du célèbre entrepreneur de Bombay. Le rabbin Sassoon possédait le Codex Sassoon, la copie la plus complète de la Bible hébraïque, qui a récemment changé de mains pour 38 millions de dollars. Il contenait également la célèbre bible Farhi et des manuscrits inestimables. Au cœur d’une communauté orthodoxe unique dans laquelle les Ashkénazes se mêlaient aux Juifs de Baghdadi, la maison du fils du rabbin David, le rabbin Solomon Sassoon, était ce qui se rapprochait le plus d’une cour royale, alliant raffinement et érudition de la Torah. Lire la suite

Notre conférencier Yanky Fachler, qui a grandi à Letchworth Garden City, est écrivain, animateur et historien. Il est l’auteur d’un nouveau livre :  Jewish Letchworth  (Vallentine Mitchell, 2023).

La photo montre David Sassoon, sa mère Flora, sa femme Selina, son fils Solomon et sa fille Flora.

  • B’nai B’rith Théodore Herzl invite Sylviane Serruya Tzinmann pour présenter son ouvrage « MOÏSE DE TETOUAN »

Sylviane Serruya vient de publier aux Editions BoD, Moïse de Tétouan, Sa Mémoire en Héritage, 1492-1962. L’ouvrage de 382 pages, fort documenté et bien écrit, comporte le sous-titre révélateur, De Mégorachim à Dhimmis puis à Citoyens Français. Dans cette fresque historique et sociale, oscillant entre la biographie et le récit historique, entre le roman et le document, l’auteure, née à Oran, fait découvrir l’histoire de ses ancêtres mais aussi celle d’une partie du peuple juif.

En effet, Sylviane Serruya exhume des profondeurs de l’oubli la biographie de son bisaïeul, Moïse Serruya, né en 1854 à Tétouan et décédé dramatiquement en 1891à Oran où il émigra. Elle reconstitue la figure ancestrale à partir de documents familiaux, administratifs ou journalistiques retrouvés dans différents centres d’archives, tels le C.A.O.M. (Centre des Archives d’Outre-mer), le C.AR.A.N. (Centre d’Accueil et de Recherches des Archives Nationales), la B.N.F. (Bibliothèque Nationale Française). L’auteure s’appuie encore sur la lecture d’ouvrages d’historiens reconnus (tels G. Bensoussan, P. Weil, F. Renucci, G.  Dermendjan, G. Nahon, M. Ansky, D. Nadjari, Sarah Leibovici, Valérie Assan..) qui ont aidé à apporter des éclaircissements, des précisions et à situer les cadres sociaux, religieux, économiques, historiques dans lesquels vécurent ses ancêtres.

Ainsi, Sylviane Serruya procède à un travail de mémoire familiale et de reconnaissance filiale déclenché au décès de son père auquel elle veut rendre hommage. Elle le remercie de la sorte des principes d’éducation et de l’héritage culturel transmis. Elle réalise aussi à son tour, pour ses descendants, un travail pédagogique de transmission du patrimoine religieux, culturel, historique laissé par son père. Lire la suite

  • Le journal d’Audrey HepburnDu 5 octobre au 30 décembre au Théâtre des Mathurins

La pièce évoque la personnalité rebelle de l’icône et parcourt les méandres sur lesquels s’est fondée cette personnalité touchante, finement décalée mais puissamment sincère et éblouissante.

Fille d’une baronne néerlandaise et abandonnée par son père dès son enfance, meurtrie par la guerre dans son adolescence, Audrey Hepburn rêvait d’être une ballerine ; Le souhaitant de toutes ses forces, comme font ceux qui n’ont aucune autre source d’amour et de confiance. Après la guerre elle découvre le manuscrit d’une toute jeune fille, née au même moment, ayant vécu au même endroit pendant la même guerre : Anne Frank. Ses mots pleins de sagesse, de sensualité et d’une joie de vivre pure et contagieuse, vont accompagner Audrey tout au long de sa vie. Elle ne sera jamais ballerine mais elle deviendra l’icône la plus mystérieuse et la plus noble dans l’histoire du cinéma défendant en priorité la cause des enfants au détriment de sa notoriété.

De et avec Gala Vinogradova Sassoon Billetterie

  • Lapin– Une pièce écrite et mise en scène par Samuel Benchetrit

À partir du 21 septembre 2023.

Tous les lundis, soir de relâche, Muriel Robin se rend chez Pierre Arditi pour passer la soirée ensemble. Mais ce soir, pour la première fois, ils se rendent compte qu’ils ne sont pas seuls…mais beaucoup plus… Réserver

Équipe artistique

Une pièce écrite et mise en scène par Samuel Benchetrit
Assistante à la mise en scène Lili Franck
Avec Muriel Robin, Pierre Arditi, Gabor Rassov en alternance avec Sébastien Coutant
Décors Emmanuelle Roy
Lumières Laurent Béal assisté de Didier Brun
Costumes Charlotte Betaillole

  • Des cabanes à la maison des miracles – Un week-end entier à Troyes sur les pas de Rachi ! – 8-10 septembre

« Qu’ils me construisent un sanctuaire et je résiderai parmi eux » (Exode 25, 8)

René Pitoun est Président du Centre Culturel Rachi. C’est LE spécialiste des travaux de restauration des maisons à pans de bois, les maisons troyennes traditionnelles. Sans lui, la Maison des Miracles n’existerait pas !

François Peiffer, c’est l’architecte en charge du projet de la verrière sous laquelle vous prendrez place vendredi soir. C’est lui qui a fait de la phrase de Bilaam dans la paracha Balak une réalité : “Qu’elles sont belles tes tentes, Ô Jacob, tes demeures, Ô Israël.”

David Abitbol est photographe de formation. Il vous fera voyager dans le monde entier, sur les traces des cinquante-deux “Synagogues de l’exil” mises en lumière dans son magnifique album . Réserver

  • Pensée Juive médiévale en contexte musulman – Zoom et replay

LE COMPLEXE MINORITAIRE (SAADIA GAON, MAÏMONIDE ET QUELQUES AUTRES)

Nous présenterons plusieurs auteurs majeurs de la pensée juive médiévale en insistant sur leur rapport ambivalent à la culture majoritaire, tendu entre admiration et volonté de se distinguer. Saadia Gaon s’inspire de la théologie musulmane pour défendre et redéfinir la tradition juive. Les penseurs andalous (tels que Bahya Ibn Paquda ou Yehuda Halevi) proposent des stratégies diverses de traduction de la pensée juive en contexte arabo-musulman. Maïmonide enfin présente le paradoxe d’une victime de persécutions qui intègre les modes de pensée de ses persécuteurs.

Inscriptions

Nouvelles lectures

  • L’école de l’exil, Tribulations méditerranéennes de Josiane SBERRO-HANIA

Ce livre est un appel à la non désespérance. La foi en l’avenir, en l’humain, est une source permanente de réussite et de joie. L’émigration n’est pas une humiliation définitive, même si elle l’est en son début. Ayant vécu cette réalité dans des conditions difficiles, une fois intégrée, il m’a paru indispensable d’aller vers les plus fracassés de l’émigration : les enfants, les élèves… Vivre et réussir avec eux a été un privilège inoubliable.

Aléas de l’Histoire, changements de régimes, statut de minorité dans des pays agités…

France coloniale d’opérette à Gabès, ville de garnison en lisière du Sahara. France salvatrice, offrant au nord culture et connaissances.

Adolescence en séjour idéologique au kibboutz collectiviste des années 50, en totale responsabilité, très loin des parents. Triste découverte, en Tunisie indépendante des années 60, des refus et remises en question. Il faut partir, il n’y a plus de place pour la minorité refusée…

Découverte enfin, de la Grèce des colonels, la « Hunta », le peuple grec, ses luttes, ses révoltes, son courage, ses musiques, ses poètes, en partage intégral des années durant. Avoir vécu sans papiers sur le territoire national permet, dès une identité retrouvée, d’aider avec passion et « expérience » au parcours pédagogique d’enfants vivant la même tragédie. Lire la suite

Édition : Balland, 242 pages

  • Vivre en ville de Jonathan Siksou

Vivre en ville ? Non, merci ! Et pourtant… Quand ceux qui y sont veulent en sortir, d’autres rêvent d’y entrer. Or, qu’on l’aime ou qu’on la déteste, la ville offre un spectacle permanent : c’est un entassement de sites et de strates, de cases et de castes dans lesquelles chacun évolue, circule, se perd, se renie, disparaît ou se révèle.
Avec un fulgurant talent de plume, Jonathan Siksou croque le quotidien des citadins dans les jardins et les restaurants, les musées et les commerces, les églises et les ascenseurs. Sa flânerie unit anecdotes vécues, scènes de la vie courante et références littéraires, entremêlant l’universel et le particulier, le passé et le présent, la grande et la petite histoire.
Entre tendresse amusée et misanthropie mordante, une fresque haute en couleur, savoureuse et jubilatoire qui dépeint avec brio cette humanité urbaine dans laquelle chacune et chacun de nous se reconnaîtra.
Un événement littéraire. Lire la suite

Édition : Les éditions du cerf, 216 pages

Bonnes lectures !

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