Autrefois enracinée dans la tradition juive marocaine, la Mimouna est devenue une célébration nationale de la foi, du renouveau et du patrimoine ; des moufletas au beurre aux rituels symboliques comme tremper la laitue dans du lait, chaque coutume reflète des couches de signification – et une identité en évolution
La Mimouna est célébrée le soir suivant le septième jour de Pessah, dans la nuit du 22 Nissan, et se poursuit le lendemain, appelé Isru Chag. Ce soir-là, les familles juives ouvrent leurs maisons et leurs cœurs, mettant en pratique la phrase de la Haggadah de Pessah : « Kol dichfin yeitei veyeichol » – « Que tous ceux qui ont faim viennent manger. »
La soirée est marquée par un rassemblement festif entre voisins, amis et connaissances, portes ouvertes pour accueillir tous dans une ambiance joyeuse. Les invités sont invités à écouter des bénédictions, chanter des chants traditionnels, danser et déguster une sélection de douceurs. Lire la suite

- Gabaon, la montagne du souvenir : Pessa’h au temps du Roi David – Didier Nebot
Sur la colline de Gabaon, fief de la Tribu de Benjamin, à quelques lieux de Jérusalem, le soleil déclinait lentement, enveloppant le sanctuaire du Très-Haut d’une divine lumière dorée.
Au centre de la ville fortifiée, à deux pas de l’immense bassin d’eau, trônait le Tabernacle de l’Éternel — cette structure sacrée en toile, encadrée de bois d’acacia, où l’Arche reposait sous ses voiles.
Les prêtres y avaient dressé fièrement les tentes, tendues de lin blanc, parfumées d’encens, battues par le vent. Le peuple se tenait en cercle, dans le respect du silence, devant le roi David, entouré de ses fils, de ses hommes d’armes, des prêtres et du prophète Nathan.
Le rugissement des trompettes sacrées venait de s’éteindre, laissant place au chant grave des lévites qui entonnaient les psaumes de délivrance, rappelant la sortie d’Égypte :
“Il nous fit passer à sec à travers la mer,
Et nos ennemis furent engloutis dans les flots.
L’Éternel est notre force et notre chant.”
À l’apogée de sa gloire, le roi David portait encore les traits du guerrier : l’œil vif, le bras solide, le regard perçant. Il se tenait debout, droit comme un chêne d’Hébron, vêtu d’un manteau pourpre, ceint d’une ceinture d’or

Il observait ses fils placés à ses côtés, chacun selon son rang, mais non sans une certaine tension.
Amnon, l’aîné, avait les épaules larges et l’orgueil d’un prince premier-né. Ses yeux brillaient d’un feu contenu, une tempête muette depuis le jour où il avait vu son père tomber, roi et pécheur tout à la fois. Absalom, le cadet, se tenait à la droite de son père. Adonija, plus jeune, n’avait pas encore atteint la stature de ses frères, mais il copiait leurs gestes, absorbait leurs paroles, observait chaque intonation du roi comme on regarde un trône encore inaccessible.
Et Bethsabée, désormais épouse du roi, se tenait parmi les femmes, drapée dans une robe bleu pâle, discrète mais radieuse malgré le deuil récent. On devinait sous la légèreté du tissu la courbe discrète d’une nouvelle grossesse.
Son premier-né avait été emporté dans la nuit, et pourtant, elle portait en elle l’écho d’une promesse : un autre fils viendrait, aimé de Dieu.
David croisa son regard. Il y lut la force des femmes qui portent la vie au bord de l’abîme, et il se souvint des paroles de Nathan. L’enfant à naître vivrait. Et il serait grand.
– Extrait du nouveau livre de Didier Nebot qui paraitra en avril 2026 –
- Un exode moderne : 60 milliards de dollars saisis aux Juifs d’Égypte

La tragédie du nettoyage ethnique des Juifs d’Égypte a été mise en lumière par un nouveau rapport de Justice pour les Juifs des Pays Arabes (JJAC), qui estime les pertes juives à près de 60 milliards de dollars. Ohad Merlin, dans le Jerusalem Post, écrit que l’histoire juive en Égypte est caractérisée par des cycles de réussites exceptionnelles suivis de périodes de persécution. (Lire les commentaires des lecteurs : certains évoquent leur propre exode ou celui de leurs proches) :
Alors que les Juifs du monde entier célèbrent Pessah cette semaine, racontant l’exode des anciens Israélites d’Égypte, un rapport récemment publié met en lumière un exode moderne qui reste largement oublié : le nettoyage ethnique de la communauté juive d’Égypte au XXe siècle .
Le rapport, publié par Justice for Jews from Arab Countries, est l’aboutissement de six années de recherche, documentant à la fois le riche héritage culturel des Juifs égyptiens et la persécution systématique qui a conduit à leur expulsion. Selon les conclusions de JJAC, la valeur totale des biens saisis auprès des Juifs égyptiens s’élève à 59 milliards de dollars actuels.
« Contrairement à son homologue antique, le déracinement moderne du judaïsme égyptien n’est pas une histoire de triomphe mais de tragédie, mettant un terme brutal à des millénaires d’histoire et de patrimoine dynamiques », a déclaré le JJAC. Lire la suite
- Les Juifs argentins, entre Ancien et Nouveau Monde
À l’instar de la majeure partie de la population argentine, constituée par vagues de migration successives, venues en particulier d’Espagne et d’Italie, la communauté juive argentine est composite. Ses membres sont arrivés de Pologne, d’Ukraine, de Russie, d’Allemagne et de France, ainsi que de l’Empire ottoman et du Maroc espagnol. Tous ont traversé l’océan. En s’appuyant entre autres sur l’examen de leur culture, de leur cuisine, la chercheuse Jacqueline Laznow explore dans cet article le processus d’intégration des immigrés Juifs dans le Nouveau Monde — et cela en portant un regard spécifique sur la place des femmes.

Un rapide coup d’œil aux photos encadrées et accrochées sur un mur de mon appartement de Jérusalem me rappelle constamment mon enfance en Argentine. Je suis une petite-fille d’immigrants juifs pieux originaires d’Europe de l’Est qui, dès 1905, ont bâti leur propre maison à Buenos Aires. Je suis aussi l’arrière-petite-fille d’immigrants qui se sont installés dans les colonies de l’Association de Colonisation Juive d’Entre Rios en 1892. Ma famille et moi avons immigré en Israël dans les années 1970. Peu de temps après, j’ai commencé à m’intéresser à l’histoire de ma famille. Au fur et à mesure, cet intérêt a fait de moi une chercheuse spécialisée dans les domaines de l’étude du genre et du folklore. Mes recherches, de type ethno-historique, se concentrent particulièrement sur la place de la tradition dans la mémoire personnelle et collective des femmes juives d’Argentine, y compris celles qui, comme moi, vivent maintenant en Israël. Lire la suite

- Rabbi Samuel ibn Naghrillah
Le rabbin Samuel ibn Naghrillah, également connu sous le nom de Samuel HaNagid (né en 993 ; mort après 1056), était un érudit talmudique, grammairien, philologue, soldat, marchand, homme politique et poète influent espagnol du Moyen Âge. Il vécut en Ibérie à l’époque de la domination maure. Sa poésie était l’un de ses domaines de prédilection. Il fut sans doute le Juif le plus influent politiquement en Espagne musulmane.
Il débuta sa vie comme commerçant à Cordoue. Cependant, la guerre civile éclata en 1009 contre le royaume émiride et les Berbères prirent la ville en 1013, le forçant à fuir Cordoue. À Malaga, il ouvrit une boutique d’épices. Ses relations avec la cour royale de Grenade et sa promotion au rang de vizir furent le fruit du hasard. Jacobs, extrait du Sefer Seder ha-kabbalah, a tiré ce récit intéressant. La boutique qu’il avait ouverte se trouvait près du palais du vizir de Grenade, Abu al-Kasim ibn al-Arif. Le vizir rencontra Samuel ibn Naghrillah lorsque sa servante commença à lui demander d’écrire des lettres. Naghrillah fut finalement nommée percepteur d’impôts, puis secrétaire, puis assistante du vizir d’État du roi berbère Habbus al-Muzaffar.
À la mort d’Habbus en 1038, Samuel ibn Naghrillah s’assura que le second fils du roi Habbus, Badis, lui succède, et non son aîné, Boulukkin. Cet acte s’expliquait par le fait que Badis bénéficiait d’une plus grande faveur populaire que Boulukkin, la population juive sous Samuel ha-Nagid soutenant Badis. En échange de son soutien, Badis nomma Samuel ibn Naghrillah vizir et général en chef. Certaines sources affirment qu’il occupa ce poste de vizir d’État pendant plus de trois décennies, jusqu’à sa mort en 1056. Les Juifs n’étant pas autorisés à occuper des fonctions publiques dans les pays islamiques en vertu du pacte d’Omar, il était rare que Samuel Nagid, juif ou dhimmi, occupe une fonction publique aussi élevée. Son exemple fut utilisé pour étayer la théorie de l’Âge d’Or, concernant la vie juive sous domination musulmane, plutôt que la vision larmoyante. Sa position unique de vizir fit de lui le plus haut courtisan juif d’Espagne. Conscient de cela, il prit le titre de naguid, ou prince, en 1027. La particularité de sa position de général en chef de l’armée de Grenade était qu’il était juif. Qu’un juif puisse commander l’armée musulmane et la placer sous son autorité était un exploit stupéfiant. D’autres dirigeants juifs, dont Joseph ibn Migash, de la génération qui succéda à Samuel ha-Nagid, apportèrent leur soutien à Boulukkin et furent contraints de fuir pour leur sécurité.
En tant que Juif, Samuel ha-Nagid s’efforça activement de diffuser la culture et les valeurs juives et accomplit consciencieusement son devoir public. Le Nagid devint le chef du judaïsme espagnol vers la fin des années 1020. Il promouvit les bienfaits du peuple juif par diverses actions. Il entreprit notamment de promouvoir l’apprentissage du judaïsme en achetant de nombreux exemplaires des Saintes Écritures, à savoir la Mishna et le Talmud. Il encouragea également l’étude du Talmud en accordant une bourse à ceux qui souhaitaient étudier la Torah pour gagner leur vie. Il mourut en 1056 de causes naturelles. Lire la suite
- Comment les Juifs syriens se sont-ils retrouvés au Mexique ?
La communauté juive syrienne, autrefois forte de 40 000 personnes, est aujourd’hui répartie entre Israël, les États-Unis, le Mexique, l’Argentine et le Panama. Depuis leur départ, la Syrie a connu des changements radicaux, dont le plus récent a été la chute du régime d’Assad. Nous retraçons le parcours de cette communauté : quel regard portent-ils sur les nouveaux dirigeants ? Des tensions persistent-elles entre les Juifs de Damas et d’Alep ?
« Damas ne me manque absolument pas . Il n’y a rien là-bas. Il ne reste que la terre elle-même. Je ne me sens pas lié à la terre, juste à mes racines et aux valeurs qui m’ont été inculquées au sein de la communauté juive syrienne », explique Isaac Assa, figure emblématique de la communauté juive syrienne de Mexico. Comment les Juifs de Syrie sont-ils finalement arrivés au Mexique ? Pour répondre à cette question, il faut remonter le temps.
Selon les estimations, avant la Première Guerre mondiale, la communauté juive de Syrie, principalement concentrée à Alep et à Damas, comptait environ 40 000 personnes. Le professeur Eyal Zisser, du département d’histoire du Moyen-Orient et de l’Afrique de l’université de Tel-Aviv, affirme que des preuves de la présence juive dans ce qui est aujourd’hui la Syrie remontent à l’époque séleucide, au IVe siècle avant J.-C. Certains Juifs ont réussi à émigrer avant la création de l’État d’Israël. En 1948, il restait 30 000 Juifs en Syrie. Lire la suite
- Le billet de Jean-Pierre Allali – Les Juifs de Libye
On ne le sait pas toujours, la Libye est, à l’instar de la Tunisie, de l’Algérie et du Maroc, un pays d’Afrique du Nord faisant partie du Maghreb. Elle compte trois régions principales : la Cyrénaïque, la Tripolitaine et le Fezzan.
On considère généralement que des Juifs se sont établis en Libye, notamment en Cyrénaïque, alors colonisée par les Grecs, au 3e siècle avant J.-C. Le grand historien juif de l’Antiquité, Flavius Josèphe, précise même que c’est Ptolémée 1er qui demanda à des Juifs d’Alexandrie de rejoindre la Libye. Plus tard, Strabon, au début du 1er siècle, confirmera cette présence juive en Libye
La plus ancienne trace archéologique relative aux Juifs date du 3e siècle avant notre ère. Il s’agit d’un sceau retrouvé dans les ruines de la ville de Cyrène. Il y est inscrit en hébreu : « De Avadiyou fils de Achav ».
Lors de la fameuse révolte juive de 115-117, la communauté juive de Cyrénaïque est décimée. Il faut attendre le 4e siècle pour voir Augustin d’Hippone signaler l’existence d’une communauté juive à Oea, ancêtre de la ville de Tripoli.

Avec la conquête arabo-musulmane en 642, les communautés juives du pays seront astreintes pendant des siècles au statut infamant de la dhimma.
Au 11e siècle, les Juifs libyens correspondent activement avec leurs coreligionnaires de Sicile et d’Égypte. On note même la présence, au sud-ouest de Tripoli, de membres de la secte dissidente des Caraïtes.
15e siècle, la Libye devient une terre de refuge pour les Juifs qui fuient l’Inquisition. C’est à cette époque que naissent les communautés juives de Benghazi et de Derna. Mais, en 1510, les Espagnols s’emparent de Tripoli et les Juifs, de nouveau menacés, cherchent leur salut sous d’autres cieux. Lire la suite

- Corse 1942: le consul turc qui a sauvé des juifs
Storia Nostra. (1942) De vrais-faux passeports fournis par le consul de Turquie épargnent aux Juifs de Corse les affres de la déportation
Mars 1942. Le Consul général de Turquie en poste à Marseille, Beli Arbel, reçoit la visite inopinée d’une personne avec laquelle il s’entretient longuement. Peu de temps après, il s’envole pour Ajaccio à bord d’un hydravion en compagnie de sa femme et de son jeune fils, Niel, 7 ans.
La famille loge à l’hôtel, d’où l’enfant ne sort que pour de rares promenades. Son père Beli Arbel, part le matin en voiture et ne rentre que le soir. Nul ne connaît l’itinéraire de sa tournée ni la nature de ses rencontres.
Dans sa serviette, des documents secrets, en réalité des passeports vierges destinés aux Juifs de Corse menacés par les mesures de comptage nouvellement édictées par le régime de Vichy.
Car la Turquie étant un pays neutre dans le conflit, la détention d’un passeport turc s’avère une garantie d’immunité. En devenant des citoyens turcs par naturalisation, les Juifs de Corse se retrouvent de facto « immunisés » par ce titre dûment délivré par le consulat général de Marseille dont dépend la Corse, et par voie de conséquence, sauvés de la déportation et de la mort. Lire la suite

- Les juifs d’Amsterdam
Vers la fin du XVIe siècle, les routes migratoires des juifs et des nouveaux-chrétiens espagnols et portugais, jusqu’alors essentiellement dirigées vers la Méditerranée, s’orientent vers l’Europe du Nord et de l’Ouest.
Après leur sécession des Pays-Bas espagnols en 1581, les Provinces-Unies calvinistes représentent un havre de paix pour de nombreux étrangers persécutés par l’Église catholique, notamment des juifs d’origine ibérique (séfarades1), dits « portugais ». Arrivés pour les premiers vers 1600 – plus d’un siècle après les édits d’expulsion d’Espagne (1492) et du Portugal (1496) –, il s’agit principalement de conversos ou « nouveaux chrétiens », aussi nommés marranes2, persécutés par l’Inquisition3 qui les soupçonne de pratiquer le judaïsme en secret.
À Amsterdam, ces convertis renouent avec la religion de leurs ancêtres et réapprennent l’hébreu, tout en continuant à parler espagnol ou portugais. La communauté s’organise, ouvrant oratoires et écoles. La grande synagogue érigée en 1675 restera longtemps la plus vaste au monde. Amsterdam supplante aussi rapidement Venise comme capitale de l’édition hébraïque, imprimant des livres diffusés dans toute l’Europe occidentale. Si la communauté jouit d’une grande autonomie, la crainte de perdre la confiance des autorités locales la pousse à une stricte orthodoxie, d’où l’excommunication du philosophe Baruch Spinoza en 1656. Lire la suite
Evénements en cours ou à venir
- Concert de la finale du Prix René Urtreger 2025 – Jazz à l’ECUJE – Lundi 28 avril 2025 à 20h30
Le concours jeunes talents de Jazz à l’Ecuje est de retour !

Après deux éditions qui ont permis de mettre en avant de nombreux groupes talentueux et prometteurs, et qui ont récompensé les groupes Congé Spatial (Prix René Urtreger 2023) et Mark Priore trio (Prix spécial du jury 2023) puis Ninanda (Prix René Urtreger 2024) et Jeremie Lucchese Group (Prix spécial du jury 2024), Jazz à l’Ecuje part à la recherche de son lauréat 2025 !
Ce concours a pour but de récompenser l’avenir du jazz en France en permettant aux meilleures formations de présenter leur travail devant un jury de professionnels reconnus. Le jury, composé de Frédéric Charbaut (Festival Jazz à Saint-Germain des Prés), Alex Dutilh (Open Jazz, France Musique), Olivier Hutman (musicien, programmateur des saisons Jazz à l’Ecuje), Alice Leclercq (Jazz News) et Lionel Eskenazi (Jazz Magazine) remettra à l’issu de ce concert le prix à l’un des 5 finalistes (pré-sélectionnés en amont par ce même jury).
- C’est Magnifique ! – Lun. 12 mai 2025 de 20h00 à 21h45 au Folies Bergère, 32 Rue Richer, Paris
Dans son spectacle, “Les Adieux des Magnifiques” Michel Boujenah rend un hommage vibrant, bourré d’humour et d’émotion, à la communauté juive tunisienne.
Après un succès retentissant partout en France, il donnera cette représentation ultime à Paris, au profit de la Bibliothèque du Patrimoine Juif Tunisien.
Ne manquez pas cette soirée qui promet d’être exceptionnelle ! Vous contribuerez ainsi, en y participant, à la préservation de ce patrimoine.
Les billets Prestige, Premium et Carré d’or sont délivrés avec CERFA donnant droit à une déduction fiscale représentant 66% de la somme versée. (Le billet à 555€ vous revient à 189€, celui à 255€ vous revient à 87€et celui à 155€ à 53€). Billetterie

- Alfred Dreyfus. Vérité et justice du 13 mars au 31 août 2025
Près de vingt ans après sa première exposition consacrée à Alfred Dreyfus, le mahJ revient sur « l’Affaire » pour rappeler les grandes étapes de ce moment crucial de l’histoire de France, dont une des nombreuses conséquences fut la loi de séparation des Églises et de l’État. L’exposition révèle le combat acharné de Dreyfus pour faire éclater la vérité, corrigeant l’image d’un homme spectateur de la machination qui le conduisit à passer plus de quatre années à l’île du Diable et encore sept à lutter pour sa réhabilitation.
Rassemblant près de 250 documents d’archives, photographies, extraits de films et une soixantaine d’œuvres d’art – de Jacques-Émile Blanche, Gustave Caillebotte, Eugène Carrière, Émile Gallé, Maximilien Luce, Camille Pissarro, Félix Vallotton ou Édouard Vuillard –, l’exposition raconte l’Affaire « avec » Dreyfus, en le replaçant au centre du propos. Cette approche nouvelle corrige l’image d’un Dreyfus effacé. Elle révèle un inlassable combattant de la vérité, auteur de multiples écrits, dont de nombreux inédits récemment sortis de l’oubli.
Alfred Dreyfus naît en 1859 dans une famille alsacienne marquée par la défaite de 1871 et l’annexion de l’Alsace-Moselle. Fervent patriote, polytechnicien, il mène une brillante carrière militaire qui sera brisée en 1894 : injustement accusé de haute trahison au profit de l’Allemagne, il est condamné par un conseil de guerre, dégradé et déporté en Guyane.

L’exposition démonte la machination ourdie par l’état-major et illustre le virulent antisémitisme qui s’exprime en cette fin de XIXe siècle. Grâce aux nombreuses œuvres présentées, elle replace l’Affaire dans la « Belle Époque », dont elle éclaire des aspects moins connus : la diversité des réactions juives, la « naissance » des intellectuels et la riposte à l’antisémitisme. L’affaire Dreyfus avait également révélé le rôle de l’Église catholique dans la manipulation de l’opinion publique et des institutions, renforçant ainsi les arguments en faveur de la séparation de l’Église et de l’État en 1905. Quant à Alfred Dreyfus, gracié en 1899, il est réhabilité en 1906, mais ne sera pas réintégré au grade auquel il aurait légitimement pu prétendre.
Cent-trente ans après son déclenchement, l’exposition permet d’appréhender l’actualité persistante de l’Affaire, dans un contexte de regain de l’antisémitisme, alors que l’innocence d’Alfred Dreyfus fait encore l’objet de polémiques complotistes.
Cette exposition, qui a reçu le soutien exceptionnel du musée d’Orsay, s’appuie sur le riche fonds Dreyfus du mahJ, sur des prêts d’institutions – Archives nationales, Bibliothèque nationale de France, musées de l’Armée, du Barreau de Paris, Carnavalet, de l’École de Nancy, Maison Zola-Musée Dreyfus à Medan – ainsi que de collections particulières.
Commissariat : Isabelle Cahn, conservatrice générale honoraire des peintures au musée d’Orsay et Philippe Oriol, directeur scientifique de la Maison Emile Zola-Musée Dreyfus Billetterie

- Moïse, ce héros – Mardi 22 avril 2025 – 14:00 -16:00 – MAHJ
Enfants de 8 à 12 ans
Comment les artistes ont-ils représenté Moïse au fil des siècles ?
Une visite de la collection permanente fait découvrir aux enfants la riche iconographie de cette figure fondatrice. Les enfants créent ensuite leur propre personnage suivant la tradition du papier découpé venue d’Europe orientale.

Nouvelles lectures
- Juda Halévi : D’Espagne à Jérusalem : 1075-1141 de Masha Itzhaki

Poète et philosophe célèbre, né en Espagne à la fin du XIe siècle et mort en terre d’Israël en 1141, Juda Halévi a marqué l’histoire et la culture juives, et plus particulièrement celles des séfarades. Son oeuvre, qui se fait l’écho de ses voyages jusqu’à Jérusalem, des crises de son époque et de ses propres états d’esprit, reflète une ouverture culturelle et littéraire au monde islamique conjuguée à une solide identité juive en lutte pour sa survie en des temps difficiles.
Masha Itzhaki, professeur de littérature hébraïque, spécialiste de poésie médiévale, retrace ce parcours singulier et replace l’oeuvre dans la tradition juive dont elle constitue l’un des chapitres remarquables. Lire la suite
Édition : Albin Michel, 176 pages

- L’Hébreu, une philosophie de Shmuel Trigano
La pensée est indissociable de la langue dans laquelle elle se forge. Si la philosophie est inséparable du grec, de quel type est la pensée qui germe dans la langue hébraïque ?
C’est l’ambition de ce livre d’en retrouver les traces, comme si il y avait déjà à l’oeuvre une pensée en deçà des théories et des doctrines, une pensée précédant le texte tout en ne s’exprimant qu’à travers ses différentes économies, une pensée de toutes les pensées issues de la racine hébraïque dans laquelle l’Ëtre ne se dit pas au présent.
Le livre de Shmuel Trigano jette une lumière nouvelle sur l’ontologie. Il inaugure une façon inédite de philosopher qui naît, certes, de la fréquentation de la langue grecque mais sans pour autant y ramener. Par delà la philosophie grecque mais aussi la philosophie juive classique, une voie s’ouvre vers une autre philosophie à laquelle ce livre appelle… Lire la suite
Édition : Hermann, 253 pages