Antijudaïsme, judéophobie, haine des juifs… D’où vient ce phénomène qui a traversé les âges et que nous appelons l’antisémitisme ? Cette enquête documentaire en 4 épisodes retrace, pour la première fois en images, la généalogie de l’antisémitisme depuis ses origines jusqu’à nos jours.
Grâce à l’intervention d’une trentaine d’experts internationaux de premier plan, en s’appuyant sur les traces laissées à travers le monde, des archives, des séquences animées et des reconstitutions historiques en 3D élaborées par Ubisoft, cette fresque explore les multiples facettes du phénomène et ses évolutions à travers les âges.
La variété des angles et des éclairages, associée à un récit chronologique relié au monde contemporain, rendent cette série accessible tout en en faisant un outil de connaissance, de réflexion et de lutte contre les préjugés.
Série documentaire de 4 x 52 min, réalisée par Jonathan Hayoun, écrite par Jonathan Hayoun, Laurent Jaoui et Judith Cohen Solal / Production Effervescence & arte
Conseillers historiques du film : Annette Wieviorka, directrice de recherche au CNRS et Denis Charbit professeur de science politique à l’Open University d’Israël
Épisode 1 : Aux origines (38-1134)
Épisode 2 : Le temps du rejet (1144-1791)
Épisode 3 : De l’Émancipation à la Shoah : (1791-1945)
Épisode 4 : Les nouveaux visages de l’antisémitisme (1945 à nos jours)
Cette série a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Première diffusion en avril 2022 sur Arte Lire la suite
Visionner les 4 épisodes ici
- Israël-Palestine, un passé qui ne passe pas
Face aux idées reçues à propos du conflit israélo-palestinien, il faut rétablir quelques vérités historiques concernant la Nakba, le droit au retour ou les intentions génocidaires, explique l’historien Georges Bensoussan.
S’il faut demander aux Juifs de surmonter leur mémoire traumatique, pourquoi ne pas demander en même temps aux Palestiniens de se libérer de leur passé en renonçant à s’enkyster dans un statut de victime progressivement détaché de toute réalité. Car il n’y aura de retour pour personne, ni pour eux ni pour le million de Juifs évincés ou chassés du monde arabe, dont 750 000 d’entre eux sont arrivés en Israël entre 1945 et 1970, spoliés de leurs biens et sans le secours d’un seul dollar des Nations unies. Lire la suite
- Le Joseph Kessel de Jonathan Hayoun à découvrir à Elne
Dans le cadre du festival Nostre Mar, Jonathan Hayoun viendra présenter son roman graphique sur Jospeh Kessel à la maternité suisse d’Elne. Il revient sur cet homme du XXe siècle dont la vie tellement riche peut apporter quelques réponses pour aujourd’hui.
Jonathan Hayoun, essayiste et réalisateur, est le coauteur avec Judith Cohen-Solal pour l’écriture et Nicolas Otero pour les dessins, d’un remarquable roman graphique sur Joseph Kessel. Romancier, journaliste, reporter de guerre, résistant, académicien français et juif, Joseph Kessel (1898-1979) est une figure qui se confond avec l’histoire. Il a traversé tous les grands événements du XXe siècle : les deux conflits mondiaux, les guerres civiles irlandaises et espagnoles ou celle entre Israël et les pays arabes en 1948. Entré dans la résistance très tôt puis exilé à Londres, il y écrit, avec son neveu Maurice Druon et sur une musique d’Anna Marty « Le chant des partisans » qui deviendra l’hymne de la France libre. Kessel, écrivain prolifique aux 80 romans, a aussi assisté aux procès de Nuremberg.
Mais Joseph Kessel est également un émigré, juif d’origine russe qui dont le parcours épouse l’histoire de ces juifs de Russie, installés dans des zones de résidences, les shtetis, soumis aux pogroms et pour lesquels la France républicaine a été une nation d’accueil. Jonathan Hayoun a raconté cette histoire dans une série diffusée sur Arte consacrée à « L’histoire de l’antisémitisme ». La vie et la personnalité de Kessel rencontrent en permanence cette histoire comme celle de la France. Lire la suite
- Raphaël Enthoven : « Le nouveau ‘Front populaire’ ? Une fusion d’antisémites, de rêveurs et de carpettes »
Le philosophe épingle l’alliance électorale passée à gauche, une « fusion aberrante », tout en se disant « désespéré » à la perspective de l’arrivée au pouvoir du RN.
Ne l’appelez plus « Nupes », mais « Front populaire ». Le 10 juin, les dirigeants des principaux partis de gauche (Parti socialiste, EELV, communistes et LFI) ont conclu une alliance électorale en un temps record dans la perspective des législatives à venir. Raphaël Glucksmann, leader de Place publique, qui a fait le meilleur score à gauche aux européennes, a lui déclaré vouloir poser des conditions à cette union, avec un « cap clair » qui a pourtant beaucoup de zones d’ombre.
La perspective d’une victoire du Rassemblement national, et plus prosaïquement la volonté de sauver des sièges à l’Assemblée nationale, feraient-elles oublier les vives tensions de ces derniers mois entre deux gauches présentées comme » irréconciliables », notamment sur la question de l’antisémitisme ? Le philosophe Raphaël Enthoven juge sévèrement cette alliance entre socialistes et Insoumis. « C’est le regroupement de gens qui se détestent mais qui sont soudés par la peur de perdre leur siège et qui se cherchent le plus petit dénominateur commun pour sauver les meubles et éviter le chômage », assure-t-il, épinglant tout particulièrement le premier secrétaire du PS Olivier Faure (« C’est le socialiste par excellence. Dès qu’il faut aller à Munich, c’est lui qu’on envoie. »)
Raphaël Enthoven se montre pessimiste sur les chances de pouvoir faire obstacle à l’arrivée au pouvoir du RN. « Entre les expérimentations hasardeuses du président de la République, la souplesse dorsale des socialistes, les bataillons d’électeurs d’extrême droite que les Insoumis fabriquent chaque jour par leurs outrances et leurs sottises, et la constitution hâtive de cette funeste alliance, tout est en place pour que l’extrême droite l’emporte. Je n’ai, par principe, aucun espoir. Ce qui ne m’a jamais empêché de me battre » confie-t-il. Entretien. Lire la suite
- Garder vivante cette langue juive colorée
La plupart des gens connaissent les langues juives comme le ladino et le yiddish, mais il existe de nombreuses autres langues juives parlées dans le monde entier. Écrivant dans Alma , Vicky Sweiry Tsur a grandi dans une maison où le judéo-arabe baghdadi était parlé par les grands-parents, les parents, les tantes et les oncles. Elle collectionne des mots et des expressions en dialecte. Voici son top dix :
1. Wakka mazzalem (Que leur chance s’épuise)
Commençons par une insulte relativement légère ! Celui-ci est assez simple. Quelqu’un fait quelque chose de mal et vous voulez qu’il arrête. Étant donné qu’une grande partie de la culture du Moyen-Orient découle de l’idée du mauvais œil et de la chance, il se peut que, quelque part en cours de route, nous souhaitions que la chance de quelqu’un s’épuise.
2. Asht eedak (Que vos mains soient bénies)
Vous diriez cela comme un compliment à la personne qui a cuisiné la nourriture que vous appréciez. Une fois que vous avez pris une bouchée et découvert que c’est tellement bon, vous demandez à Dieu de bénir les mains qui l’ont fait. Quand on y pense, les langues qui n’ont pas cette expression font cruellement défaut.
3. Bil a’eefi (En bonne santé)
Vous dites cela lorsque quelqu’un porte de nouveaux vêtements, apprécie la nourriture que vous avez préparée ou admire un cadeau que vous lui avez offert. Cela pourrait aussi être la réponse à Asht Eedak. C’est plein d’amour pour nos proches. Nous voulons qu’ils puissent continuer à profiter de cela et d’autres choses dans la meilleure santé possible. Amen v’Amen!
4. Ayouni (Mes yeux)
Lorsque vous utilisez ce mot, vous ne parlez pas littéralement de vos propres yeux. C’est utilisé comme terme d’affection. C’est comme si vous disiez : « Vous m’êtes aussi précieux que mes yeux ». Je me souviens qu’on me l’a dit quand j’étais petite, et maintenant je le dis à mes enfants. Lire la suite
- Les pères de l’église et les juifs berbères – par Didier Nebot
Cette importante judaïsation des tribus berbères sera l’une des causes qui opposeront l’Eglise naissante et la synagogue. Tout porte à croire que jusqu’au second siècle les deux religions n’en formaient pratiquement qu’une. Les chrétiens semblaient être une secte juive, les Romains ne faisant d’ailleurs aucune différence entre eux, chacun tolérant l’autre. Les disciples des Apôtres, lorsqu’ils annoncent la Bonne Nouvelle, le font dans les synagogues. C’est l’époque où le judaïsme, protégé par la politique philosémite des Empereurs Sévères, se développe parmi les autochtones. Le christianisme en est à ses balbutiements, il s’organise à l’ombre de la synagogue qui le regarde avec mépris, sans qu’il y ait, pour l’instant, d’animosité réciproque. Ceci concerne les juifs des villes et des zones contrôlées par les romains et non pas les régions du Sud en dehors des limes romains.
Tout change au milieu du IIème siècle, où provocations et altercations se succèdent. Mais c’est à partir du IIIème siècle que la querelle entre juifs et chrétiens éclate au grand jour, avec les attaques violentes de Tertullien. Né à Carthage entre 150 et 160 après Jésus Christ, c’est un berbère païen romanisé qui se convertit au christianisme en l’an 193 et qui deviendra le plus éminent théologien de la cité phénicienne. Il va être le premier à inaugurer la littérature chrétienne en langue latine. L’apport de Tertullien dans les controverses christologiques et trinitaires est important. Ses conclusions seront reprises par les Pères de l’Eglise qui s’inspireront dans leur doctrine de ses écrits. Il est l’un des hommes qui aura le plus influencé les conclusions des grands conciles de l’Eglise jusqu’au milieu du XXème siècle. Lire la suite
Evénements en cours ou à venir
- Les Chapitres de Daniel de Pise : la communauté juive de Rome a 500 ans ! – 24/06/2024
Conférence de Pierre Savy
En 1524, un Juif toscan du nom de Daniel Da Pisa rédigeait pour les Juifs de Rome et le pape un règlement en plusieurs « chapitres » qui allait régler, pendant des décennies, la vie de la communauté juive de la Ville. Cette source précieuse, dont les différentes versions manuscrites ont été récemment redécouvertes (et feront bientôt l’objet d’une publication), constitue pour l’Italie la première institutionnalisation d’une communauté juive, dont sont rendues visibles la structuration sociale et le fonctionnement politique. Billetterie
- La gloire du romancero, concert de Laetitia Marcangeli (+Éléonore Fourniau) – Le 25 juin 2024 de 20:00 à 22:00 – Les Trois Baudets salle Jacques Canetti, 75018, Paris
Création autour du romancero, ces ballades narratives, chantées et rimées, issues du Moyen-Âge ibérique et qui forment un pan majeur du répertoire choral sépharade tant au Maroc qu’en Orient.
Chanteuse, docteure en littérature, spécialiste de poésie européenne et notamment de poésie grecque, Laetitia Marcangeli est née dans une famille de mélomanes et de musiciens classiques. Elle-même formée au piano classique, elle est dès l’enfance très impressionnée par la puissance poétique de la chanteuse Angélique Ionatos et s’oriente vers l’étude de la langue grecque, de la poésie et de sa mise en musique. Elle aborde la musique modale à travers l’étude des répertoires grecs traditionnels, qui la conduisent aussi à se réintéresser aux traditions de chant et de poésie populaire de l’Occident, France, Corse, Espagne… Elle tente aujourd’hui de concilier poésie populaire et savante, texte et musique, lyrisme et narration. Billetterie
Bella Ariel, l’étoile de la mode venue des rives du Bosphore – Rencontre avec Arnaud Nemet, journaliste, descendant de Bella Ariel – 25/06/2024 à 14:00
Institut Cervantès
7 rue Quentin Bauchart
75008 Paris
Née à Constantinople au sein d’une famille sépharade émigrée en France, Bella Ariel devint mannequin vedette chez Jeanne Lanvin dans l’entre-deux-guerres et l’égérie des plus grands photographes.
Poursuivant malgré les risques son travail sous l’Occupation, elle sera dénoncée et arrêtée en juin 1943 puis déportée sans retour à Auschwitz.
A partir de ses recherches et d’archives familiales, Arnaud Nemet a reconstitué l’itinéraire de sa grand-tante et co-écrit le chapitre qui lui est consacré dans le livre d’Anne Grynberg Sur nos traces, récits de persécution, spoliation, réparations (La Documentation française, 2023).
Il partage avec nous ses découvertes et l’exceptionnelle collection photographique qu’il a pu réunir. Billetterie
- Le Cercle de Généalogie Juive – Mardi 25 juin 2024 à 18h par zoom
Le Cercle de Généalogie Juive (C.G.J) organise la prochaine réunion du groupe Afrique du Nord le mardi 25 juin 2024 à 18h par zoom.
Une conférence sera donnée par Gilles Boulu sur les sources généalogiques des juifs de Tunisie (dont certaines sont communes avec celles des juifs du Maroc et d’Algérie.)
La réunion sera animée par Raquel Levy-Toledano.
La réunion est réservée aux adhérents.
Pour plus d’information Lien CGJ
Nouvelles lectures
- Patries entrelacées, diasporas autonomisées : les Juifs hispaniques marocains et leur communauté mondialisée d’Aviad Moreno
Entwined Homelands, Empowered Diasporas explore comment les 30 000 Juifs du nord du Maroc ont développé un sentiment de parenté avec l’Espagne moderne, la Sépharade médiévale et le monde hispanophone au sens large, qui ne ressemblait à rien de ce qui se faisait ailleurs. La diaspora juive hispanique marocaine, comme ce groupe est souvent appelé par ses universitaires et ses dirigeants communautaires, est également devenue l’un des groupes nord-africains les plus mobiles et les plus dispersés à l’échelle mondiale au XXe siècle, avec des centres majeurs au Venezuela, en Argentine, au Brésil, au Pérou, Espagne, Israël, Canada, France et États-Unis, entre autres.
S’appuyant sur un éventail de sources communautaires issues de cette diaspora, Aviad Moreno explore comment les récits d’ascendance en Espagne, en Israël, au Maroc et dans plusieurs pays d’Amérique latine ont interconnecté la diaspora, renforçant ainsi ses centres à travers le monde tout au long du XXe siècle et au-delà.
En étudiant ces mécanismes de formation de la diaspora dans une petite communauté qui partageait autrefois le même espace au Maroc, Entwined Homelands, Empowered Diasporas remet en question les récits nationaux des diasporas juives au sens large et ajoute de la complexité aux annales des communautés ethniques multicouches en mouvement. Lire la suite
Édition : Indiana University Press, 262 pages
- Séfarade d’Antonio Muñoz Molina
Séfarade, c’est la patrie de tous les accusés, exilés, bannis, chassés de leur quotidien, de leur maison, de leur terre et qui, où qu’ils se trouvent, sont à jamais des étrangers.
Séfarade, c’est la patrie de la mémoire, celle des disparus, morts ou vivants, personnages réels ou imaginaires réunis par la fraternité et la solidarité d’un écrivain.
Séfarade, ce sont dix-sept chapitres racontant chacun une histoire différente, toutes traversées par des motifs, phrases, personnages qui assemblent un discours dont le thème central est la persécution.
À travers la voix émouvante et forte d’Antonio Muñoz Molina résonnent celles de Primo Levi, Franz Kafka et Milena Jesenska, Willi Münzenberg, Evguénia Guinzbourg, Margarete Buber-Neumann, mais aussi l’attente d’une femme qui ne revit jamais son père, les nostalgies de Mateo le cordonnier, la folie amoureuse d’une nonne ou encore le souvenir d’une rescapée des geôles argentines. Autant d’êtres détruits au plus intime d’eux-mêmes par l’Histoire.
Ce livre magnifique brise les limites de la fiction en même temps qu’il les transcende. Et comme toujours sous la plume de ce grand écrivain espagnol, matière humaine et matière narrative se fondent en des pages d’une beauté inouïe. Lire la suite
Édition : Seuil, 480 pages