L’intégration et l’identité des Juifs séfarades aux Etats-Unis

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Les Juifs séfarades qui sont arrivés aux États-Unis à partir du début du XXe siècle se sont souvent retrouvés à l’écart, car leur héritage linguistique et culturel ne correspondait pas à un métarécit dans lequel « juif » était supposé être synonyme d’ashkénaze (européen). Au cours des dernières décennies, les Séfarades sont devenus plus visibles dans le paysage juif américain, avec l’apparition d’organisations patrimoniales, de mémoires, de films, de festivals de musique et d’autres événements mettant en valeur la diversité de leurs histoires, de leurs cultures et de leurs identités. Malgré cette visibilité croissante, la domination des cadres de référence ashkénazes a réduit au silence certains aspects de leur héritage. Notamment, dans un paysage juif américain façonné par le confessionnalisme et le clivage entre « religieux » et « séculier », les Juifs d’origine séfarade sont considérés comme « orthodoxes. » Or, cette caractérisation ne permet pas d’appréhender le mélange particulier de modernité et de tradition qui a en fait façonné l’évolution de la culture religieuse juive séfarade à l’époque contemporaine. – Par Nadia Malinovich

Lundi 8 janvier 2024, de 19h à 20h30En Zoom et Replay. S’inscrire



  • Un poète juif libyen évoque le Sahara, la mer et le fait d’être un réfugié

Penina Meghnagi Solomon est née à Tripoli, en Libye, l’aînée de quatre enfants, et vit désormais aux États-Unis. Son père, Vittorio Hluma Meghnagi, était un célèbre champion de natation. La tragédie a frappé en 1963, lorsqu’il est décédé, laissant un vide dans sa vie. Il a été enterré dans le cimetière juif de Tripoli, aujourd’hui disparu sous les immeubles et les routes. Sa poésie rappelle le meurtre des Juifs libyens lors des émeutes de novembre 1945. Sa famille a été contrainte de fuir après les émeutes de 1967 et elle écrit qu’elle est une réfugiée juive libyenne. Ses poèmes, publiés dans Sephardic Horizons (été 2023), rappellent des expériences formatrices et des jalons de sa vie. Lire la suite

  • Tahiti plage Casablanca – Philippe Abergil Gallery

30 ans après, sans y être retourné auparavant, je me retrouve, pour un reportage, sur la plage de mon enfance à Casablanca; rien d’exceptionnel en fait. Pourtant, la façon dont ces “retrouvailles” se sont déroulées en ont fait une des émotions les plus fortes de mon existence.

Aujourd’hui, si je suis devenu photographe, c’est certainement par nostalgie, la nostalgie de mon enfance paradisiaque, d’une valise de photos en cuir rouge, que ma mère sortait une ou deux fois par an, à un moment particulier qui correspondait à une communion de nos esprits, à l’aspiration de faire un tour dans le passé. Les rires et les larmes que provoquaient l’ouverture de cette valise me fascinent encore aujourd’hui.

La notion de “la photo” s’est alors construite en moi, non pas comme un témoignage, une preuve ou un rappel historique, mais plutôt comme la capture d’une émotion ou du sentiment d’une valeur affective du passé, du présent et du silence.

C’est donc à Tahiti plage, sur la côte, à Casablanca, par un mois de mars à la lumière électrique, que j’ai constaté que le temps s’était arrêté. Je retrouvais 30 ans après, sur la plage de mon enfance, avec un flot de sensations qui m’a plongé, alors que je ne m’y attendais pas en 1967. J’avais 6 ans et rien n’avait changé, c’était pour moi un sentiment magique, j’étais en extase les yeux fermés. le nez et les cheveux remplis par le vent chargé de l’odeur de la mer, de la brume, de la terre, de la rouille et du soleil.
PHILIPPE ABERGEL GALLERY

  • Pourquoi lire, par Eliette Abecassis

Il y a quelques années, j’ai reçu un poème envoyé par la mère d’une jeune femme. Ce texte est poignant, je le garde toujours près de moi.

« Pourquoi lire ?
Parce qu’on est vivant
Parce qu’on a peur, pour avoir peur
On lit pour se trouver et pour se perdre… »

Son poème me touche, indéfiniment. Je viens d’une famille d’universitaires. Chez moi, les livres sont partout. Les murs, les tables, les placards en sont recouverts. Comme chez mes parents, où l’on trouve des montagnes de livres, de l’appartement jusqu’à la cave.

Enfants, nous vivions dans un appartement tapissé de livres. Notre occupation favorite était la lecture. Après les repas, chacun disparaissait dans sa chambre pour se plonger dans l’œuvre qu’il avait commencée. De temps en temps, il fallait bien sortir. Travailler, aller à l’école, faire des courses, se ravitailler, voir des amis. Quand nous partions en vacances, nous chargions la voiture de valises innombrables et très lourdes, et transportions notre fardeau vers les lieux de nos villégiatures. Nous promenions nos livres à la plage, dans les villes, dans les appartements que mes parents louaient, en Espagne, au Maroc où ils sont nés, ou jusqu’en Amérique où vivait une partie de la famille.

Les livres, chez nous, voyagent avec nous. Jusqu’à aujourd’hui, ils circulent. Tous les jours, ma mère va en commander ou en acheter chez son libraire qu’elle adore, Samuel. Elle nous parle de lui, de ses conseils et de ses idées. Souvent elle m’apporte des livres. Moi aussi. Désormais, je n’offre plus que des livres. Des livres et des fleurs. What else ? Lire la suite

  • Harvard désigne un recteur juif comme président par intérim

Alan Garber avait regretté la déclaration initiale de l’établissement sur l’attaque du 7 octobre par le Hamas, qui ne condamnaient pas le groupe terroriste

Harvard a nommé son vice-président et professeur Alan Garber comme président par intérim suite à la démission de Claudine Gay.

Confrontée à des accusations de plagiat et à des critiques pour son témoignage lors d’une audition au Congrès où elle n’a pas pu affirmer de manière claire que les appels au génocide des Juifs sur le campus violeraient la politique de conduite de l’école, Gay s’est retirée mercredi.

Garber, qui est Juif, donne des cours sur la politique de santé, l’économie, la politique publique, la politique de santé et la gestion dans diverses écoles et départements de Harvard.

Dans une interview de novembre avec le journal étudiant Harvard Crimson, Garber a regretté la déclaration initiale de l’établissement sur l’attaque du 7 octobre par le Hamas, qui n’a pas condamné le groupe terroriste et n’a pas commenté une lettre signée par plus de 30 groupes d’étudiants de Harvard affirmant qu’Israël était « entièrement responsable » de la violence.

« J’ai certainement des regrets concernant la première déclaration », a-t-il déclaré au Crimson. « Notre objectif est de veiller à ce que notre communauté soit en sécurité, se sente soutenue et bien soutenue, et cette première déclaration n’a pas été un succès à cet égard. »

Il a souligné qu’une déclaration ultérieure de Gay condamnant les « atrocités terroristes » du Hamas était « importante pour rectifier certaines des fausses impressions que nous avons créées avec cette première déclaration. »

Garber assurera la présidence « jusqu’à ce qu’un nouveau dirigeant pour Harvard soit identifié et prenne ses fonctions », indique la Harvard Corporation. Lire la suite

  • Villages et nécropoles juives  – Par Didier Nebot

Les nécropoles sont, de toutes les traces archéologiques laissées par les différents peuples, celles qui traduisent le mieux leur passé. Rechercher ces lieux funéraires c’est en faire une photographie à l’époque ancienne. Ainsi dans tous les lieux décrits par Ibn Khadoun où se trouvaient les tribus juives, qui pour la plupart ne sont pas des zones d’influences phéniciennes, on remarque de nombreuses nécropoles du type de celles rencontrées à Jérusalem. L’exemple le plus flagrant est le grand cimetière juif de Gamarth, au nord de Tunis, datant des premiers siècles de l’ère chrétienne et où l’on a retrouvé plusieurs centaines de tombeaux taillés dans le roc et contenant des niches, comme à Jérusalem.

Lorsqu’avec l’arrivée des Arabes, les Juifs modifièrent leur façon d’enterrer leurs morts, en plaçant directement les corps dans le sol, ils ont construit leurs cimetières tout près de leurs anciennes nécropoles.

 En 1906 Nahum Slouschz, archéologue et historien réputé, fit un voyage sur plusieurs mois en Libye, Tunisie, Algérie et Maroc. Il visita de nombreux sites archéologiques. Il a livré le fruit de son travail dans un ouvrage inestimable, publié en 1909, intitulé : «un voyage d’études juives en Afrique» ( Paris- Imprimerie Nationale, 1909). Nahum Slouschz a pu se rendre dans ces régions en toute liberté, sans aucune animosité de la part des habitants des endroits traversés et recevant même de leur part des informations capitales. Ce livre précieux n’a aucun équivalent, puisqu’un siècle plus tard il nous donne une photographie précise des zones juives avant et pendant la période islamique. Lire la suite

Evénements en cours ou à venir

  • Introduction à l’histoire des Juifs de TunisiePar Jérémy GuedjLes mardis 9, 16, 23 et 30 janvier 2024, de 19h à 20h30 – En Zoom et Replay.

Loin des images folkloriques auxquelles on les résume trop souvent, les Juifs de Tunisie, pluriels comme toute communauté humaine, sont riches d’une histoire plurimillénaire qui continue de s’écrire. Ces quatre séances en retraceront les grands moments, en se focalisant principalement sur l’époque contemporaine, mais ne se résumeront pas aux aspects politiques et sociaux : elles donneront toute sa place à la part religieuse et culturelle de cette histoire où se croisent plusieurs mondes. S’inscrire

  • Art et culture des Juifs d’Al Andalous : origine et transmissionPar Sonia FellousLundi 15 janvier 2024, de 19h à 20h30En Zoom et Replay.

Durant les deux mille ans de leur exil hors de la terre de Judée, les Juifs adoptèrent la langue et la culture de leur environnement, sans pour autant renoncer à la langue hébraïque et à leur identité religieuse. Dans les diasporas juives établies dans l’aire arabo-musulmane, la langue arabe devint rapidement la langue savante, jusqu’au début du XIVe siècle. Médecins, exégètes, philosophes, les Juifs furent à la pointe des sciences contemporaines produisant leurs œuvres en caractères hébraïques dont ils se servaient aussi pour transcrire l’arabe (judéo-arabe). En passant du rouleau au Codex, ils firent de la Bible un objet d’art érigé en Miqdash Yah (Temple de Dieu). Ils inventèrent son premier programme iconographique qui marqua l’art des Juifs d’Orient et de la péninsule ibérique. Jusqu’au XVe siècle. S’inscrire

  • Le carnet de Rachel Obadia : un recueil de proverbes judéo-marocainsPar Jonas SibonyLundi 5 février 2024, de 19h à 20h30En Zoom et Replay.

Avant le milieu du XXe siècle, les communautés juives du Maroc étaient fortes de 250 000 âmes coexistant avec dix millions de Musulmans. Aujourd’hui, elles rassemblent moins de 3 000 personnes. Leur présence, plus que bimillénaire dans le pays, a contribué à l’écriture de l’histoire du Maroc, à sa culture, son patrimoine, son économie et sa diplomatie. Quid des fondements de leurs relations avec les autres populations, quels qu’en aient été les aléas et les turbulences, de la présence européenne jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et au conflit du Moyen-Orient ? L’occasion d’évoquer les Juifs du Maroc d’aujourd’hui, en montrant les liens que gardent avec ce pays près d’un million de leurs coreligionnaires d’origine marocaine qui vivent en Israël, en France, au Canada et ailleurs dans le monde. S’inscrire

  • Bendichas Manos : 7e Journée annuelle des Ladino à New YorkÉVÉNEMENT — CÉLÉBRATION, MUSIQUE – Dimanche 21 janvier à 14h00

La Fédération séfarade américaine, la Fraternité juive séfarade d’Amérique, la Fondation séfarade sur le vieillissement et la Fondation Shearith Israel League  sont fières de présenter : Bendichas Manos : 7e Journée annuelle des Ladino à New York

Organisé par Jane Mushabac et Bryan Kirschen

Avec:

Le rabbin Marc Angel , auteur et éditeur de 38 livres, et lauréat du Gala international séfarade 2023 pour ses décennies de leadership communautaire remarquable.

Rachel Amado Bortnick ,  enseignante et fondatrice du célèbre groupe en ligne Ladinokomunita, qui en est maintenant à sa 25 e année et compte 1 500 membres parlant ladino dans le monde entier. 

Elizabeth Graver,  auteur du roman sépharade révolutionnaire Kantika de 2023, et longtemps célébrée pour sa fiction primée.

Sarah Aroeste , auteure-compositrice-interprète, et  Susan Barocas , écrivaine culinaire/conteuse, un duo dont le programme « Savour » de chansons et de discussions sur la cuisine séfarade suscite des éloges ici et à l’étranger. Réservations

  • Spectacle Hanina – Dim. 21 janv – Centre Médem

Hanina actualise les chants de noces séfarades de l’Ex-Empire Ottoman. Hanina fait référence à toutes ces femmes devenues séfarades à la suite de leur expulsion d’Espagne en 1492 qui sont parvenues à maintenir leur identité et leurs spécificités à travers le temps.

Billetterie

  • Le dernier des Juifs – Jeudi 11 janvier 2024 – 19:00 -21:00

Avant-première – Un film de Noé Debré avec Michael Zindel et Agnès Jaoui
Comédie dramatique, France, 90 min – Projection en présence de Noé Debré – Sortie en salles le 24 janvier 2024

Bellisha a 27 ans et mène une vie de petit retraité, il va au café, fait le marché, flâne dans la cité…
Il vit chez sa mère Giselle, qui sort très peu et à qui il fait croire qu’il est solidement intégré dans la vie active.
Le vent tourne quand Giselle s’aperçoit qu’ils sont les derniers juifs de leur cité. Elle se convainc qu’il faut qu’ils partent eux aussi.
Bellisha n’en a pas très envie mais pour rassurer sa mère, il lui fait croire qu’il prépare leur départ. Lire la suite

Nouvelles lectures

  • Qui-vive de Valérie Zenatti

Mathilde est devenue insomniaque. Puis elle a perdu le sens du toucher. Il y a eu d’autres signes : des feuillets retrouvés à la mort de son grand-père, une vidéo de Leonard Cohen à Jérusalem, le retour de la guerre en Europe. Mathilde est désorientée.

Est-ce pour cela qu’elle décide subitement de prendre un avion pour Israël ? Comme si la réponse aux questions qu’elle se pose l’attendait là-bas depuis toujours.

De Tel-Aviv à Capharnaüm, puis à Jérusalem, ses rencontres avec des inconnus – et quelques fantômes – ne font qu’approfondir le mystère.

Jusqu’au moment où, dans un éclair, la vérité lui apparaît. Prenant l’Histoire à bras-le-corps, Qui-vive est aussi l’itinéraire d’une femme qui cherche à réconcilier son paysage intérieur avec le monde qui l’entoure. Un roman aux multiples facettes qui confirme de manière éclatante le talent de son auteure.

Édition : Éditions de l’Olivier, 176 pages Lire la suite

  • Le provocateur de Joshua Cole

Vingt-huit morts, c’est le bilan des trois jours d’émeutes qui opposèrent, en août 1934, les communautés juive et musulmane de Constantine. Cet épisode de violence antijuive – le plus meurtrier, en temps de paix, de l’histoire française contemporaine – est un tournant dans la longue histoire qui aboutira au départ des Juifs d’Algérie pour la France en 1962. Longtemps ce drame fut mis sur le compte des tensions entre les deux communautés et d’un antisémitisme musulman. Joshua Cole reprend toute l’enquête, révèle des faits tenus cachés par les autorités coloniales et montre qu’il s’agissait en réalité d’une provocation de l’extrême droite dans le cadre d’une stratégie plus large pour bloquer l’accès des musulmans à la vie politique locale et augmenter l’influence des mouvements antisémites de l’époque. Le meneur est finalement identifié : Mohamed El Maadi, un militaire français ultranationaliste, futur membre de la Cagoule, qu’on retrouvera pétainiste, collaborateur de la Gestapo et cofondateur de la Brigade nord-africaine (BNA) pour le compte de l’Allemagne nazie.

Joshua Cole est professeur d’histoire à l’Université du Michigan et spécialiste de l’histoire sociale et culturelle de la France aux XIXe et XXe siècles. Plusieurs fois primé, salué par la critique pour son style, sa construction et son travail d’archive, ce livre se révèle aussi un modèle de méthode pour quiconque cherche à mettre en lumière des faits invisibilisés. Lire la suite

Édition : Payot, 416 pages

Bonnes lectures !

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